27 avril 2013

La foi des prophètes et le sionisme. Conférence du Rabbin Elmer Berger, ancien président de la Ligue pour le judaïsme aux États-Unis (extraits)


 
Il est inadmissible pour quiconque de prétendre que l'implantation
actuelle de l'État d'Israël est l'accomplissement
d'une prophétie biblique et, par conséquent, que toutes les actions
accomplies par les Israéliens pour instaurer leur État et
pour le maintenir sont d'avance ratifiées par Dieu.
La politique actuelle d'Israël a détruit, ou, au moins, obscurci
la signification spirituelle d'Israël.
Je me propose d'examiner deux éléments fondamentaux de
la tradition prophétique.
a-D'abord, lorsque les Prophètes ont évoqué la restauration
de Sion, ce n'était pas la terre qui avait par elle-même un
caractère sacré. Le critère absolu et indiscutable de la conception
prophétique de la Rédemption, c'était la restauration de
l'Alliance avec Dieu, alors que cette Alliance avait été rompue
par le Roi et par son peuple.
Michée le dit en toute clarté : « Écoutez-donc, chefs de la
maison de Jacob, et dirigeants de la maison d'Israël, vous qui
haïssez le bien et aimez le mal... qui bâtissez Sion dans le sang
et Jérusalem dans le crime... Sion sera labourée comme un
champ, Jérusalem deviendra un monceau de ruines, et la montagne
du Temple un haut lieu d'idolâtrie. »
(Source: Michée III, 1-12.)
Sion n'est sainte que si la Loi de Dieu règne sur elle. Et cela
ne signifie pas que toute Loi édictée à Jérusalem est une Loi
sainte.
b.-Ce n'est pas seulement la terre qui dépend de l'observance
et de la fidélité à l'Alliance : le peuple réinstallé à Sion
est tenu aux mêmes exigences de justice, de droiture, et de
fidélité à l'Alliance de Dieu.
Sion ne pouvait attendre une restauration d'un peuple
s'appuyant sur des traités, des alliances, des rapports militaires
de force, ou d'une hiérarchie militaire cherchant à établir sa
supériorité sur les voisins d'Israël.
...La tradition prophétique montre clairement que la sainteté
de la terre ne dépend pas de son sol, ni celle de son peuple, de
sa seule présence sur ce territoire.
Seule est sacrée, et digne de Sion, l'Alliance divine qui s'exprime
dans le comportement de son peuple.
Or l'actuel État d'Israël n'a aucun droit à se réclamer de
l'accomplissement du projet divin pour une ère messianique...
C'est là pure démagogie du sol et du sang.
Ni le peuple ni la terre ne sont sacrés et ne méritent aucun
privilège spirituel du monde.
Le totalitarisme sioniste qui cherche à se soumettre tout le
peuple juif, fût-ce par la violence et la force, en fait un peuple
parmi les autres et comme les autres.

Rabbin Elmer Berger : P r o p h e c y , Z i o n i s m  a n d  t h e 
 state of Israël, éd. American Jewish Alternatives to Zionism.

Conférence prononcée à l'université de Leiden (Pays-Bas)

le 20 mars 1968.

Avec des textes de
- Yehudi Menuhin, fils du  rabbin Mosché Menuhin,
Auteur de « La décadence du judaïsme » ;
- Roger Garaudy, initiateur du dialogue entre chrétiens et
marxistes avant le concile Vatican II, auteur par exemple de « De
L’anathème au dialogue » ;
- Le Père blanc  Michel Lelong, auteur notamment de « Si Dieu l’
Avait voulu » (sur l’unité de la foi), et « La vérité rend libre » (Editions
Olivier de Guibert) ;
- Dom Helder Camara, ex archevêque de Récife, l’un des fondateurs de
La théologie de la libération ;
- Léonardo Boff, franciscain brésilien qui a quitté l’Eglise, auteur entre autres de
« La face maternelle de Dieu », « Ecologie et pauvreté », « Avec la liberté de l’Evangile »