23 juin 2017

Le marxisme et l'art. 3/ Du mythe à l'art. Par Roger Garaudy



In "Comment l'homme devint humain", Roger Garaudy, Ed JA

Le mythe ainsi conçu n'est donc pas le contraire
du concept. Il est le concept en train de naître.
Parce que l'art, par la construction de mythes,
est une forme exemplaire de l'acte créateur de
l'homme bâtissant l'avenir de l'homme, l'élaboration
d'une esthétique n'est pas pour le marxisme
un luxe.
 C'est pourtant une entreprise difficile, car les
fondateurs du marxisme, Marx et Engels, n'ont pas
élaboré systématiquement les principes d'une esthétique.
L'on peut seulement trouver dans leurs
oeuvres des jugements sur telle ou telle oeuvre d'art
en particulier et, chemin faisant, quelques remarques
de méthode. Ce sont là des éléments précieux
mais il ne suffit pas de les mettre bout à bout pour
constituer une esthétique marxiste. Cette méthode
scolastique d'accumulation de citations reliées par
des déductions selon les lois de la logique formelle
ne nous permettrait pas de nous orienter à l'étape
actuelle du développement des arts.
Il faut donc procéder autrement pour donner au
marxisme, dans le domaine des arts, un développement
créateur.
Une brève indication de Marx nous rappelle
seulement que pour aborder ce problème dans une
étude systématique il comptait partir de l'esthétique
de Hegel en lui appliquant la même méthode
de critique qu'il a appliquée à la philosophie hégélienne
en général.
Le point de départ de nos réflexions ce ne peut
être que les principes de la philosophie marxiste
pour y découvrir le point d'insertion d'une recherche
en esthétique.
Il ne s'agit pas d'une question subalterne, mais
Idem ci-dessus
d'une réflexion sur l'esprit même du marxisme et dont les conclusions ont des conséquences capitales en ce qui concerne son interprétation fondamentale.
Le problème de l'art est avant tout celui de la
création, et c'est pourquoi toute déformation mécaniste ou idéaliste, toute conception dogmatique de l'acte créateur aura en esthétique des conséquences
immédiatement perceptibles.
La conception de l'esthétique est ainsi la pierre de touche de l'interprétation du marxisme.


Roger Garaudy
Extrait de "Marxisme du 20e siècle"                                      A SUIVRE ICI