31 mars 2016

« Nouvelle évangélisation » et « application de la shari'a», par Roger Garaudy (1993)



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Un dialogue Nord-Sud est-il possible ?
« Nouvelle évangélisation » et « application de la shari'a»

Dialogue des religions ou dialogue de la foi ?
Le premier est une controverse entre théologiens ou religieux,
armés de dogmes et de réponses, et surtout assurés de détenir
une vérité totale. Il se peut alors que la discussion soit courtoise,
tolérante, chacun reconnaissant à l'autre le droit à
l'erreur, avec l'indulgence que l'on peut avoir pour des enfants,
auxquels on accorde avec bienveillance qu'ils accèdent un jour
à la vérité totale — la nôtre bien sûr —, après leurs tâtonnements
et leurs premiers pas.
Dans le meilleur des cas chacun verra dans la religion de
l'autre un moment, provisoire et partiel (toujours inférieur) de
sa propre vision.
Entre des chrétiens qui se veulent missionnaires, et des
musulmans — des « ulémas » — (dont le nom même implique
qu'ils détiennent la science religieuse), les uns et les autres
se tenant pour des fonctionnaires de l'absolu, il n'y a point de
dialogue mais polémique (fût-elle souriante), prosélytisme et
désir de conversion de « l'autre » pour l'annexer à sa propre
vérité englobante.
Il est vrai qu'en ce domaine, depuis des siècles (depuis les
Croisades et les séquelles de ses Inquisitions), depuis cinq siècles
surtout avec la naissance du colonialisme appelant « évangélisation
» des Indiens l'invasion, la conquête, le massacre et
le génocide, l'Occident a donné le pire exemple de l'intégrisme,
c'est-à-dire de la prétention de détenir la vérité absolue et, par
conséquent, d'avoir non seulement le droit mais le devoir de
l'imposer à tous.

29 mars 2016

Menuhin-Garaudy le 3 janvier 1990 à Cordoue



Concierto histórico de Yehudi Menuhin:

 Foto:FRANCISCO GONZALEZ


El violinista de origen judío interpretó obras de Bach el 3 de enero de 1990 ante un auditorio que llenó el salón del colegio mayor La Asunción. El concierto de Yehudi Menuhin había sido organizado por la Universidad y la Asociación de Amigos de la Torre La Calahorra, de la que era presidente Roger Garaudy. Los organizadores habían solicitado al Cabildo permiso para que la actuación del violinista se celebrara en la Mezquita-Catedral, pero fue denegado y, aunque el Ayuntamiento ofreció el Gran Teatro, el rector, Vicente Colomer, decidió que fuera en un recinto universitario. "No quisimos buscar otro sitio que pudiera sugerir ciertas referencias o crear polémicas", dijo entonces Colomer, quien anunció también que Menuhin sería investido doctor Honoris Causa.

http://www.diariocordoba.com/noticias/75aniversario/concierto-historico-yehudi-menuhin_1019818.html

24 mars 2016

Un théologien libre, Juan José Tamayo Acosta

Je suis un théologien libre
Juan José Tamayo Acosta


La Congrégation pour la Doctrine de la Foi m'a fait l'honneur de se pencher sur mon travail théologique pendant trois ans, comme elle l’a fait avec celui de mes amis Hans Küng et Leonardo Boff. La Commission pour la Doctrine de la Foi de la Conférence espagnole Épiscopale a fait siens les résultats de l'étude. Je n'ai jamais imaginé que Vatican et les évêques espagnols donnaient tant d'importance à mes recherches.

Il est certain que cela a été un travail consciencieux et intense, étant donné l’ampleur de mon œuvre : deux thèses doctorales, près de mille articles dans les mass médias, plus de 2.000 recensions des livres de philosophie, théologie et sciences sociales, 500 études dans des revues spécialisées et plus de 30 livres. Le dernier vient de paraître aux éditions Trotta sous le titre Nouveau Paradigme Théologique. Il est sûr qu'il continuera de donner du travail, cette année, aux détectives du Vatican et de notre épiscopat.

Ma première réaction devant les critiques de ma théologie ne peut pas être autre que la reconnaissance. Combien de collègues voudraient que Rome s’occupât de leurs livres, quoique ce fût pour se faire un peu tirer les oreilles et pour avoir l'occasion de se rendre humblement au verdict vaticanesque ! Mais ils n’y arrivent pas. Et moi, qui suis un théologien libre par choix et par conviction depuis mes jeunes années, qui n'appartiens pas au clergé ni ne dépends de quelque évêque, ni n’enseigne dans les sanctuaires de la dogmatique catholique, j’ai la surprise de l’être, alors : merci beaucoup ! Et ce n'est pas un compliment et moins encore ironie, quoiqu'il y ait quelqu’ironie à me considérer  théologien hétérodoxe, quand je suis le premier à le reconnaître, à la suite de Saint Paul. « il convient qu’il y ait des hétérodoxes » en faisant prendre corps à l'affirmation d'Ernst Bloch : « Le meilleur de la religion est d’engendrer des hétérodoxes. »

Mais ma reconnaissance ne va pas sans surprise : j’ai fait l’objet d’investigations sans qu’on me consulte et l’on m’apprend l'existence d'une Note et d'un Rapport disqualifiant mes idées, une fois l'enquête terminée. Il aurait été facile de maintenir un dialogue entre collègues, même si nous n’étions pas parvenus à un accord. Habermas nous a enseigné que la raison est dialogique et non autoritaire. Dommage que l'étude de mon travail ait eu pour but de me condamner sans m’entendre et non de réaliser un débat de fond sur de grandes questions débattues aujourd'hui en la théologie. Je l’aurais fait volontiers, mais pas sous la dépendance du vieux Saint Office mais au sein de l'Académie avec lumière et sténographes.

Et en même temps que la surprise, un reproche : chaque fois que le Vatican se consacre à l’examen de théologiens et de théologiennes, il s'inquiète de l'orthodoxie plus que de l'orthopraxis. Le cardinal Ratzinger sait que pour un théologien chrétien l'Évangile est antérieur au dogme, suivre Jésus de Nazareth, antérieur à l'obéissance au Pape, le Sermon sur la Montagne au code de droit canon ; et la construction du royaume de Dieu, plus importante que la construction de l'Église.

Je me suis toujours senti très en phase et solidaire avec les théologiens maudits et encore beaucoup plus maintenant. Je vais faire un rappel subversif de certains d'entre eux. Le premier est Jésus de Nazareth, le réformateur juif, le critique de sa religion et initiateur d'un nouveau mouvement de libération : le christianisme. Je fais mémoire d’ Arius (256-336), le pieux prêtre, qui plaçait Jésus dans la proximité maximale de Dieu, mais il ne le reconnaissait pas comme Dieu pour sauver le monothéisme Chrétien. Il a été condamné en l'an 325 au concile de Nicée convoqué par l'empereur Constantin dans son palais d'été pour assurer l'unité de l'Église. Je n'oublie pas Nestorius (décédé en 451), le patriarche de Constantinople, qui ne reconnaissait pas Marie comme mère de Dieu, mais comme la mère de l'homme Jésus de Nazareth. Il a été condamné à Ephèse (431) privé de toute dignité ecclésiastique et chassé de l'Église. Il est mort banni dans le désert égyptien. Autre hétérodoxe Priscillien (350-384), évêque d'Avila, qui pratiquait une vie ascétique rigoureuse. Accusé de conduite immorale et de magie, il fut le premier hérétique à qui l’on ait appliqué la peine de mort.

En plein Moyen âge nous pensons à Joachim de Flore (mort aux environs de 1203), l'ermite de Calabre et le visionnaire apocalyptique qui a annoncé l'Utopie de l'ère de l'Esprit. Malgré l’intervention du pape Grégoire IX en sa faveur, on a considéré son œuvre comme subversive et elle a été condamnée. Maître Eckhart (1260 - aux environs de 1327) était un des sommets du mysticisme de tous les temps. Le pape Jean XXII a condamné son oeuvre comme hérétique, après sa mort.

Il ne manque pas de femmes accusées d'hérésie. La mystique béguine Marguerite Porete (morte en 1310) est tombée aux mains de l'Inquisition, qui l'a emprisonnée. Son livre le Miroir des âmes simples annihilées, a été approuvé par trois ecclésiastiques, mais il a été interdit sous peine d'excommunication et brûlé en place publique sur l'ordre de Guy II, évêque de Cambrai. Déclarée hérétique et relapse par l’Inquisition, elle fut remise au bras séculier, qui l’a brûlée vive en 1310 à Paris en place de Grèves en présence des autorités ecclésiastiques et civiles.

Guillerma  de Bohême (morte en 1281), chercheuse de Dieu et maître de vie spirituelle, à qui venaient hommes et femmes qui demandaient conseil et consolation, a pu compter sur l'appui des Cisterciens, qui l'ont enterrée dans leur abbaye de Chiaravalle, où les milanais la vénéraient comme sainte. L’Inquisition, cependant, a donné l’ordre de déterrer son cadavre et de le brûler publiquement.

Jean Hus (1369-1415), recteur de l'Université de Prague, personne fervente et de mœurs irréprochables, a critiqué durement le clergé et les riches évêques, et a mis en doute les formes de piété superficielle. Il a défendu une Église sans liens avec le pouvoir temporel. Il est venue au concile de Constance avec une promesse d'immunité qui n'a pas été respectée. Ce concile l'a condamné comme hérétique et l'a livré à l'empereur Sigismond, qui l’a fait mourir asphyxié à la fumée de poix.

Luther (1483-1546) a critiqué l’église simoniaque qui vendait le salut à prix d’or et a mis en marche la Réforme protestante centrée sur la subjectivité de la foi, l’esprit communautaire et la primauté de la Bible sur les dogmes. Un pape l’a excommunié, Léon X, et quasiment cinq siècle plus tard, un autre pape Jean Paul II, a demandé pardon pour cette condamnation.

L'Église catholique fut inflexible avec les balbutiements de la science moderne et a poursuivi quelques-uns de ses principaux fervents. Giordano Bruno (1544-1600) fut emprisonné par l’Inquisition et brûlé au Campo de las Flores. Galileo Galilei (1564-1642) dut comparaître devant le tribunal de l’Inquisition qui condamna sa théorie comme hérétique en 1633, et il passa sa vieillesse sous la surveillance de l’Inquisition.

Le mystique Jean de la Croix (1542-1591) collabora avec Thérèse de Jésus à la réforme de la vie religieuse pour vivre l’Évangile dans toute sa radicalité et sa dimension humaniste, dans un climat fraternel, avec simplicité et sans excès rigoristes. Des carmes chaussés, quelques laïcs et les gens armés l'ont retenu et enfermé dans une cellule du couvent de Tolède, où il est resté un an. il a réussi à fuir. À la fin de sa vie, les carmes déchaussés eux-mêmes l’ont persécuté et diffamé. Il a été canonisé en 1726 et déclaré docteur de l'Église en 1926.

Le théologien et philosophe Antonio Rosmini (1797-1854) mit le doigt sur les cinq plaies de l’Église : la division entre le clergé et les fidèles dans le culte, l’éducation insuffisante du clergé, la désunion des évêques, leur nomination abandonnée au pouvoir séculier et le maintien du féodalisme qui a fini par supprimer la liberté de l’Église, d’où dérivaient tous les maux. Le livre qui dénonçait ces plaies à été mis à l’index. Un siècle et demi plus tard, a commencé son procès en béatification.

Les théologiens modernistes qui ont voulu associer christianisme et modernité, droits humains et Église, échouèrent dans leur tentative. Un des plus représentatif est Alfred Loisy (1857-1940), auteurs d’importantes œuvres exégétiques, entre autres L’Évangile et l’Église où l’on peut lire cette sentence lapidaire : « Jésus a annoncé le royaume et c’est l’Église qui vint. »

Le dominicain Chenu (1895-1990) fut mis en cause pour son livre Une École de Théologie : le Saulchoir, qui fut mis à l’index. Dans les années soixante, il participa activement au Concile Vatican II et inspira Gaudium et Spes. Ce ne fut pas mieux pour son frère dans l’ordre, Congar (1904-1995) qui a dû s’exiler par trois fois, s’est vu privé de sa chaire et a dû supporter la censure de ses livres. Quelques années avant sa mort, Jean Paul II l’a nommé cardinal.

Bernard Häring, un des principaux rénovateurs de la morale catholique, s’est révélé opposé à la publication de la Humanae Vitae. Dès lors, il a été contrôlé par des fonctionnaires de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi qui ne le lâchaient pas. Il a écrit une lettre au préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, dans laquelle il avouait : « Je préférerais me trouver à nouveau devant un tribunal de Hitler » plutôt que de comparaître devant la Congrégation romaine qu'il le jugeait. Son procès, qui a duré huit ans, a été qualifié par Häring lui-même « d’authentique persécution »  parce qu'il a coïncidé avec l'apparition d'un cancer de la gorge qui l'a obligé à se soumettre à sept interventions chirurgicales, suivies de cobaltothérapie. Il est mort.

Hans Küng (1928) fut appelé à participer au Concile Vatican II par Jean XXIII, très jeune. Quinze années après, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a déclaré : « Il s’écarte de la plénitude de la vérité catholique et... il ne peut donc pas être considéré comme théologien catholique ni enseigner en tant que tel. » C’est quasiment la même disqualification que la mienne.

Léonardo Boff fut réduit au silence par deux fois : la première fois,  il a accepté de garder le silence pendant neuf mois; la deuxième fois, pour un temps indéfini. Il a cela considéré comme une humiliation et il a abandonné l'Ordre franciscain, non l'esprit de Saint François. Ivone Gebara a été aussi sanctionnée pour des déclarations au sujet de l'avortement, sorties de leur contexte.

Maintenant c’est au tour des sanctions contre les pionniers du dialogue interreligieux et interculturel. Un autre : le théologien du Sri Lanka, Tisa Balasuriya, condamné par le Vatican par ses interprétations du péché originel, de la divinité du Christ et quelques dogmes sur Marie et pour sa tentative de présenter le message chrétien en dialogue avec les religions orientales, majoritaires en Asie. Il a été suspendu a divinis pour avoir refusé de souscrire à une profession de foi qui considérait l'exclusion de la femme du sacerdoce comme découlant de la volonté divine. Quelques années après, Rome a levé la suspension.

Un autre de ceux qui sont tombés à cause du dialogue interreligieux : Jacques Dupuis, professeur de l'Université Grégorienne de Rome, qui a vécu et a enseigné en Inde pendant environ quarante ans et a élaboré « une théologie chrétienne du pluralisme religieux ». La Congrégation romaine l'a accusé d'erreurs graves contre des éléments essentiels de la foi divine et catholique.

De ce bref parcours à travers l'histoire de l'hétérodoxie chrétienne on peut tirer quelques leçons : 1) la majorité des condamnés se caractérise par une expérience religieuse profonde, une vie exemplaire, une implication dans des secteurs marginaux et une grande cohérence entre pensée et pratique. 2) Presque tous ont démontré force et lucidité d'esprit, et ils ne se sont pas laissés intimider ni par le feu des bûchers, ni par les excommunications, ni par les expulsions de leur chaire, ni par les menaces de châtiments éternels, qui existent seulement dans l'imagination de ceux qui menacent.

Je laisse la porte ouverte au dialogue. Et pour entamer ce dialogue, il me plairait de rappeler à Ratzinger et à ces collaborateurs le vers d’Antonio Machado : « Votre vérité ? Non. Vous vous la gardez ! La vérité. Nous allons la chercher ensemble. »

El Pais 11/01/2003

22 mars 2016

Nous n'avons pas peur, nous ne sommes pas en guerre ! Debouts ensemble le 31 mars !

Pétition initiée par  Active Generation

Not afraid not in war.
Bruxelles, Grand Bassam, Bamako, Istanbul, Ben Guerdane, Paris ... Nous citoyen-ne-s vivants dans ses pays et ailleurs, nous lançons cet appel pour montrer notre solidarité.
Nous n'avons pas peur, nous ne sommes pas en guerre !


Nous ne sommes pas en guerre contre les centaines de milliers de refugié-es que vos polices et vos armées européennes humilient.
Nous ne sommes pas en guerre contre les six millions de chômeurs-euses et les millions de travailleurs-euses précaires, contre la jeunesse, contre les artistes, contre les retraité-es, que vous condamnez à l'angoisse.
Nous sommes en paix avec notre conscience, nous qui construisons demain, nous qui  sommes solidaires, fraternel-le-s, et qui refusons l'engrenage mortifère que vous et la grande finance soutenez et avez enclenché.
Aujourd'hui plus qu'hier, il est temps que les peuples se lèvent et construisent l'espoir.
Ensemble signons cet appel pour crier que nous n'avons pas peur, que nous refusons le monde que vous nous construisez.
Le 31 mars nous serons debout,
debout contre votre état d'urgence,
debout contre vos lois liberticides,
debout contre votre loi travail et l'avenir qu'elle nous dessine.
Ensemble rendons réel ce qui est possible !


20 mars 2016

La culture africaine après Senghor

Cette année, le premier Con­grès des écrivains et artistes noirs de Paris aura 60 ans et le Festival mondial des arts nègres de Dakar aura 50 ans. Lors d’une conférence au musée de l’Ifan mercredi, le Professeur Maguèye Kassé de l’Université Cheikh Anta Diop est revenu sur le rôle de ces manifestations et du jazz dans l’avènement de la Négri­tude et la renaissance africaine. Le propos d’introduction a été assuré par un film de 40 minutes, tourné par William Greaves et inédit à l’Ifan : First world festival of negro art. Suite à ce retour en image sur le festival organisé à Dakar notamment par Léopold Sédar Senghor, le professeur a déclaré que «le premier Congrès des écrivains de 1956 à Paris et le Festival mondial des arts nègres de 1966 sont des points forts dans l’affirmation d’une identité noire, à la fois facteur de renaissance et porteuse d’universalité».
De Duke Ellington à Cas­sandra Wilson, de Billie Holiday à Alioune Diop ou encore de Langs­ton Hughes à Léopold Sédar Senghor, l’Afrique s’est peu à peu rassemblée derrière une culture commune jusqu’à l’avènement qu’était le Festival mondial des arts nègres, a-t-il expliqué. Une renaissance qui a commencé dans les rues d’Har­lem, qui s’est poursuivie à travers le célébrissime titre Strange fruits et le blues, avant de s’exporter sur les terres africaines. «Quand les musiciens africains-américains, qui se réclament de la musique africaine, sont venus pour la première fois en Afrique, notamment lors des festivals, les gens ont découvert que l’Afrique était une, au moins culturellement parlant sur le plan musical», a développé Maguèye Kassé après sa conférence. C’est par exemple le cas de Duke Ellington, présent à Dakar en 1966. Le festival a pris soin de rassembler toutes les parcelles de la culture africaine pour les réunir au même endroit et leur offrir une visibilité mondiale totalement inédite. Le film de Greaves montrait d’ailleurs avec brio la ferveur populaire qui a accompagné cette manifestation. «Qu’on soit pour ou contre l’idée du festival, pour ou contre Senghor, le festival de 66 était populaire», a affirmé le Profes­seur Kassé. Une popularité que les pâles répliques, notamment celle de l’ex-Président Wade, n’ont pas réussi à égaler.

«Depuis Senghor, nous n’avons plus de ministère de la Culture»
Si «la renaissance africaine et africaine-américaine passe par l’art sous toutes ses formes et jette le pont vers l’Universel et le dialogue des cultures», qu’en est-il aujourd’hui, où la question de cette renaissance est toujours présente ? Nonobstant quelques voix dissonantes, la majorité des intervenants dans le public se sont inquiétés de la situation culturelle du Sénégal. «On est au cinquantième anniversaire du Festival et le Sénégal ne fait rien», a regretté Bouna Sémou Ndiaye, chargé du rapatriement du patrimoine sénégalais. D’au­tres ont regretté l’absence de concerts de grands artistes de jazz au Sénégal. Au professeur de leur répondre que «depuis Sen­ghor, nous n’avons plus de ministère de la Culture. Elle (la culture) n’est plus l’une des préoccupations majeures dans les stratégies de développement du pays». L’échange s’est alors orientée vers un discours plutôt conservateur, regrettant les temps passés où on se passionnait pour la culture, la vraie, loin des dérives télévisuelles ou des Wally Seck et compagnie. Le changement de contexte a été avancé pour expliquer la désertification culturelle du Sénégal aujourd’hui. En définitive, tout le monde s’accorde sur le principe qu’il y avait un message idéologique à travers le Festival mondial des arts nègres de 1966 qui a généré une ferveur qui est moins visible.

  Baptiste MADINIER                                                       >> LIRE EN ENTIER ICI >>

18 mars 2016

Intervention de Roger Garaudy à l'Académie Royale du Maroc (mars 1984)



Monsieur le PRESIDENT, mes chers CONFRERES,

Je voudrais d’abord remercier SA MAJESTE le ROI du MAROC d'avoir proposé à notre réflexion, avec la "déontologie de 1'espace", un problème de la solution duquel, au delà de la discussion académique, dépend la vie ou la mort de notre avenir.
Je remercie également les quatre rapporteurs qui nous ont fourni les données permettant de prendre conscience des dimensions véritables du problème.
Permettez-moi seulement de présenter quelques remarques sur la signification spirituelle de 1’aventure spatiale et surtout une suggestion par laquelle, à mon sens, notre jeune Académie pourrait contribuer à empêcher que cette épopée inédite n'ait une fin tragique.

17 mars 2016

Le concept "sécurité"

Le mot « sécurité » est aujourd'hui omniprésent. Dans un colloque organisé le 30 janvier dernier, par le Mouvement de la paix et la CGT, j'ai rappelé les différentes évolutions du concept dans le siècle dernier, d'un point de vue d'internationaliste.
Une définition d’abord : si l’on regarde une encyclopédie ou Wikipedia, on lit que, psychiquement, la sécurité est « l’état d’esprit d’une personne qui se sent tranquille et confiante ». Pour l’individu ou un groupe, c’est « le sentiment (bien ou mal fondé) d’être à l'abri de tout danger et risque ».
On voit que cette définition comporte deux facteurs : une appréciation subjective, celle du degré ou du type de sécurité que l’on souhaite obtenir à un moment donné et un second facteur plus matériel, le danger ou le risque contre lequel, on veut être protégé.
Traditionnellement, on a distingué deux types de sécurité : celle sur le plan extérieur, international, des relations entre des états et celle sur le plan intérieur des relations entre des individus dans un état, ou entre des individus et cet état.
 

16 mars 2016

Quelle réforme pour le Code du travail ?

Contrairement à ce que l’on entend dans les médias, le débat sur le projet de loi sur le code du travail n’est pas une nouvelle version de la querelle entre les anciens et les modernes, les anciens qui ne voudraient rien toucher au texte actuel et les modernes qui voudraient le faire évoluer pour le bien de tous. Non seulement les organisations révolutionnaires ne sont pas par principe opposées à des réformes mais le code du travail d’aujourd’hui n’est rien d’autre que ce que des décennies de lutte ont permis d’obtenir réforme après réforme. Sans lutte il n’y aurait eu ni réduction de la durée du travail ni même sa codification, ni repos hebdomadaire, ni congés payés, ni salaire minimum, ni instauration d’un revenu de remplacement pour les chômeurs, toutes mesures que portent l’actuel code et les conventions collectives. Pour être clairs disons-le tout net : pour nous le code du travail actuel, s’il est au-dessus de ce qui se pratique dans nombre de pays, n’est pas assez protecteur, ne permet pas le progrès économique, ni ne pose la question de la démocratie sociale et économique et encore moins celle de la propriété collective. Depuis que le capitalisme existe le mouvement ouvrier est demandeur et agit pour des réformes allant dans ce sens.

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L'opportuniste

Opportuniste à mort 
C’est la qualité du rapport à l’autre qui distingue le révolutionnaire  authentique de l’opportuniste.
S’identifiant au pouvoir  qu’il  abhorre extérieurement,  l’attitude foncière de l’opportuniste,  opposant inconnu ou notoire, est cette haine de l’autre  qui l’habite. Elle   trahit l’envie secrète qui le ronge.
S’il râle en permanence, ce n’est pas tant qu’il est gêné par les défaillances du système que par l’ambition de s’y faire une place, la plus large possible.
Qu’il s’attaque en catimini ou de front au pouvoir, son souffre-douleur permanent est sans conteste  monsieur – tout – le monde, son pire ennemi, le marginal.  Maillons faibles qui encaissent en silence ou accusent à coups de gueule.
En vidant son venin sans risques, il recharge sa batterie pour les combats qui sont déjà dans sa tête. Sournoisement ou à découvert, il ourdit complots et traquenards.
Et sans discontinuer aiguise ses armes, se faisant à lui-même  la guerre. Jusqu’au jour où il tombe en poussière.
                                                                   
Djouher Khater
© Droits réservés

15 mars 2016

Joachim de Flore, Ramon Lull, Cardinal de Cues. Par Roger Garaudy

[Après Thomas Münzer (http://rogergaraudy.blogspot.fr/2016/03/thomas-muntzer-1.html et http://rogergaraudy.blogspot.fr/2016/03/thomas-muntzer-2.html) nous nous intéressons à d'autres prophètes d'un christianisme révolutionnaire: Joachim de Flore, Ramon Lull, Nicolas de Cues ]



Joachim de Flore (1135-1202), moine calabrais du XII ème siècle, aborde le problème en sa racine même : l'interprétation du christianisme qui avait régné en Europe, de Saint-Paul à Constantin, des querelles du sacerdoce et de l'Empire pour la primauté du pouvoir (Le Pape ou l'Empereur), jusqu'aux Croisades dont il connut les fausses victoires (il rencontre Richard Coeur de Lion) et les plus dures défaites (il avait 52 ans lorsqu'en 1187 Saladin reprend Jérusalem.) Il fut éduqué en Sicile à la Cour de Roger II, où l'influence de la culture musulmane se prolongeait après la fin de la domination arabe de l'île (1071) et, où les invasions byzantines n'étaient pas rares après le schisme de 1054 qui séparait de Rome l'orthodoxie orientale.
En cet âge d'or de la Sicile, où se fécondaient les spiritualités de l'Orient, Joachim de Flore eut pour premier mérite de dénoncer l'alliance millénaire de l'Église et du pouvoir.

14 mars 2016

Le dialogue, maître-mot

Entretien, M. Mustapha Cherif : « Inculquer le sens du dialogue ». Le monde est en ébullition, quel remède ? Dialoguer, accepter l’autre sans violence. 
Sollicité par El Moudjahid, l’éminent philosophe, professeur des universités, ancien ministre de l'Enseignement supérieur, lauréat du Prix Unesco du dialogue des cultures, auteur d'une quinzaine d'ouvrages sur le dialogue des civilisations et l'éducation, répond volontiers à nos questions. Et livre une analyse pertinente, perspicace. Il évoque un nouvel ordre mondial plus «juste», et décortique une position algérienne «exemplaire» qui «contribue à esquisser un nouveau chemin politique et civilisationnel». Éclairage. >> LIRE ICI >>

13 mars 2016

La religion n'est pas l'opium du peuple, mais.... Point de vue

La religion n’est pas l’opium du peuple
Sonia Noreau

Religion et Politique, volume 9, septembre 2009


« Définir c’est limiter »
  Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray

L’auteure de ce texte, bien que d’un athéisme à s’en confesser, volera au secours de ce qu’elle a en horreur à prime abord: le christianisme. Ce texte s’oppose à la fameuse citation de Marx: « La religion est l’opium du peuple. » L’auteure ne prétend pas pouvoir offrir une définition claire et définitive du christianisme ni de la religion en général, mais il lui semble quand même important, afin d’avancer vers une meilleure compréhension de ce en quoi la religion consiste, de déterminer ce en quoi elle ne consiste pas. Ce texte cherche à démontrer en quoi la vision de Marx de la religion ne tient pas la route si on la comprend comme une description de l’essence même de la religion, ou même encore si on applique cette vision « fonctionnalisante » à une autre société et à une autre époque que celles qu’a connues Marx.
La religion n’est pas l’opium du peuple. Néanmoins, Marx eut raison de préciser que « l’homme fait la religion [et que] ce n’est pas la religion qui fait l’homme »(1). En le faisant il souligne la primauté de l’homme sur le religieux et la possibilité de manipuler les masses avec la religion, et explicite à juste titre l’influence de la politique sur le religieux. Le propos religieux n’est pas politique à la base. S’il se retrouve dans l’arène politique, c’est qu’il y a été traîné par un acteur se servant de cet aspect de la vie social pour atteindre son but. Ce n’est ni son projet au départ ni une voie que le christianisme emprunte inévitablement.
Lorsqu’on essaie de comprendre la religion uniquement selon sa fonction sociale, on passe à côté de ce qu’elle peut être en soi et de ce qu’elle pourrait devenir dans un autre contexte ; on se restreint à un seul de ses aspects sans regarder ce qu’elle était à l’origine avant d’évoluer selon les nécessités politiques passées, ni comment elle pourrait évoluer en restant en contact avec la société qu’elle habite. La conscience religieuse peut mener à une conscientisation politique et à la prise en main de problèmes sociaux. Elle n’est pas l’opium du peuple, car ce n’est pas clair dans ses racines historiques, soit au moment de sa fondation, que son essence serait d’aliéner le peuple pour lui faire oublier sa réalité socio-économique. De plus, la citation de Marx devient moins évidente encore si l’on considère la variété des formes que peut prendre la religion chrétienne (comme la théologie de la libération en Amérique latine, par exemple).
Par contre, Marx n’a pas complètement tort lorsqu’il affirme que la religion est une théorie dont la fonction sociale est de justifier les actes politiques de la classe dominante. Cependant, il ne faut pas voir là une définition de la religion, puisque ce n’est que l’une des nombreuses fonctions sociales qu’elle a occupées à un moment et temps donnés. Or, la « fonctionnalisation » dans les sciences humaines, telle que rejetée par Hannah Arendt dans Les Crises de la culture, est une méthodologie réductrice et trompeuse. En démontrant que ce n’est pas parce que le communisme remplit les fonctions émotives, sociales et psychologiques d’une religion qu’il en est devenu une, Arendt souligne à quel point il est important de ne pas ranger dans une même catégorie tout ce qui occupe la même fonction: manipuler les masses, par exemple, peut être l’une des fonctions de la religion, mais aussi de la publicité, de l’art, de l’éducation, etc. « C’est comme si j’avais le droit de baptiser marteau le talon de ma chaussure parce que, comme la majorité des femmes, je m’en sers pour planter des clous dans le mur »(2), illustre Arendt, qui souligne également l’erreur que constitue le fait de ne pas étudier « ce que les sciences historiques appellent les sources »(3).
Passons maintenant rapidement en revue, en nous appuyant sur les travaux d’Armelle Le Bras-Chopard (4), comment le message original de paix du christianisme a pu être transformé au point de permettre à un président américain de justifier une guerre au Moyen-Orient en parlant de guerre sainte. En expliquant l’articulation de la guerre dans le discours religieux chrétien, Le Bras-Chopard nous apprend que le christianisme endosse trois interprétations contradictoires de la guerre, issues de l’évolution de la religion en réponse au contexte politique dans lequel elle se trouvait : le principe de la non résistance à la violence du christianisme primitif, la licéité de la guerre juste et, finalement, les thèses providentialistes qui soutiennent que la guerre est auto-justificatrice.
Si le message initial de la Bible en est un de non-violence et d’amour envers son prochain, il a toutefois été complètement transformé au fil du temps pour des raisons politiques. C’est suite à l’adoption du christianisme comme religion d’État par Constantin que les choses changèrent. Après que ce dernier eût déclaré le christianisme religion d’État, les chrétiens firent face aux invasions barbares et durent repenser la possibilité de faire la guerre afin de défendre la Cité. Saint Athanase et saint Ambroise créèrent le concept de « guerre juste », guerre au cours de laquelle il était permis de tuer un ennemi. En offrant une solution médiane conciliant le besoin de faire la guerre et le respect du principe de la non-violence, saint Augustin établit les principes de ladite guerre juste, c’est-à-dire la une guerre sous conditions. La guerre serait juste si elle tendait à rétablir l’ordre naturel et pacifique d’une union entre les hommes, tel que voulu par Dieu. Bref, la théologie chrétienne devenait de plus en plus permissive en termes d’utilisation de la violence, phénomène qui n’a fait que s’accroître avec saint Thomas d’Aquin, à qui on doit le concept de la « guerre défensive ». Cette troisième interprétation contradictoire du message chrétien provient des thèses providentielles, qui voudraient que la guerre ait une essence divine venue régler l’iniquité entre les peuples qui en appellent de la vengeance de Dieu(5). C’est à travers les nécessités historiques des nations que se sont développés les ponts entre la religion et la politique. La religion ne serait donc pas, au départ, un outil de manipulation populaire, contrairement à ce qu’en a dit Marx.
La religion, au moment de sa fondation, n’est pas l’opium du peuple. Ce n’est plutôt qu’une fonction que lui a fait porter la classe politique au fil de l’histoire. Toutefois, c’est cette possibilité au sein même de la religion d’être un moteur de réflexion, d’action et de conscientisation politique qui trahit la fameuse citation marxiste. Il peut sembler contre nature, dans notre société sécularisée, de suggérer que la conscience religieuse peut mener à la conscience politique. Pourtant, l’exemple donné par la théologie de la libération, en Amérique latine, confirme qu’il est possible de se politiser à travers les préceptes religieux.
Louise Melançon, professeure à la Faculté de Théologie de l’Université de Sherbrooke, fait comprendre ce phénomène en adoptant une conception de la politique où cette dernière n’ignore pas les autres dimensions de la vie sociale. Sortis de la compartimentation classique des sciences humaines, les problèmes étudiés dans le domaine de la science politique peuvent se comprendre tels qu’ils se retrouvent en société, c’est-à-dire à travers une pluralité de points de vue et de compréhensions du monde. La religion, puisqu’elle se vit au sein des sociétés humaines, est en contact avec ses problèmes. Les chrétiens peuvent se pencher sur ces derniers sans abandonner leurs croyances. Par conséquent, la foi peut se vivre en société et, par ricochet, en politique, avec tous les engagements que cela sous-entend. La foi, comme tout autre aspect social, peut alors prendre une dimension politique. Par exemple, les chrétiens conscients de l’exploitation de certains par d’autres s’engagèrent, en Amérique latine, dans le débat politique. Appelée théologie de la libération, cette mouvance politico religieuse « est en même temps une option de foi: leur foi se fait praxis de libération »(6). En vivant à l’intérieur d’une société dite, la foi est amenée à se redéfinir face aux réalités des gens et, dans le cadre de la théologie de la libération, les prêtres furent amenés à poser des gestes politiques. La spiritualité, dans ce contexte, est alors un élément social dynamique en contact avec la réalité politique et non pas un outil de manipulation des masses.
Conséquemment, la religion n’est pas l’opium du peuple. Elle a pu en occuper la fonction dans le contexte sociohistorique de Marx, un peu comme le fait présentement la publicité et la télévision dans nos sociétés contemporaines, mais elle ne l’était pas au moment de sa fondation et elle a su être le moteur de luttes politiques dans d’autres contextes, lorsqu’elle avait une autre fonction sociale. Hannah Arendt a raison de rejeter le fonctionnalisme des sciences humaines à cause du manque de considération de ce dernier pour l’essence possible, si essence il y a, des réalités sociales. De plus, le fonctionnalisme vient noyer celui qui voudrait une réponse claire et unique parmi des possibilités aussi nombreuses qu’il y a de contextes. Faut-il alors définir le christianisme par ce qu’il était à sa fondation, avant d’être manipulé par la politique, comme un besoin humain, une prise de conscience de l’Homme de sa place en société? L’auteure de ce texte ne le sait pas, mais elle doute que le fonctionnalisme puisse nous apporter une réponse satisfaisante ou qu’il faille réduire la religion à une fonction d’« opium du peuple ».

1 MARX Karl, Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel
2 ARENDT Hannah, La Crise de la culture, Gallimard, Paris
3 Ibid.
4 LE BRAS CHOPART, Armelle, La Guerre, théorie et idéologie, Clef politique, 1994
5 MELANÇON Louise, La Théologie de la libération
6 Ibid.

12 mars 2016

La montée en puissance du lobby pro-israélien

Au dîner du Crif le 7 mars Valls a déclaré que «l’antisionisme est synonyme de l’antisémitisme»

Dans un ouvrage extrêmement bien documenté publié en 2007 deux universitaires américains, les professeurs  John J. Mearsheimer et Stephen M.Walt (1), analysent la politique moyen-orientale des Etats-Unis et les conséquences de son soutien inconditionnel à l’Etat d’Israël. Leur étude démontre que ce soutien ne peut s’expliquer ni par des intérêts stratégiques communs ni par des impératifs moraux. Il est principalement dû à l’influence d’un lobby qui travaille activement à l’orientation de la politique étrangère américaine dans un sens pro-israélien, qui exerce des pressions efficaces sur le Congrès, les présidents et leurs administrations, et qui jouit aussi d’une influence considérable sur l’université et les médias.

Satan, démonisme, démence ou Providence ? Par Djouher Khater


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Les sens sont notre lien au monde qui nous en dessinent
 les contours et le représentent en ses moindres détails.
 Nos mouvements, nos actions et notre rapport au monde  en
 dépendent. Pourtant, en avons-nous toujours la
 représentation fidèle ? En percevons-nous  la réalité
 telle qu'elle est ou  se donne à voir ?

11 mars 2016

On peut être anti-russe, anti-chinois, anti-cubain, mais pas anti-israélien

[Reprise d'un article de 2008 toujours éclairant]

Sur http://oumma.com/, l'article qui vaut à ce haut fonctionnaire révocation de son poste de sous-préfet de Saintes par la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie.

Quand le lobby pro-israélien se déchaîne contre l’ONU
Par Bruno Guigue

Dans sa rubrique « Point de vue » du 27 février 2008, « Le Monde » a généreusement offert ses colonnes à un texte d’une hystérie verbale et d’une mauvaise foi insondables. Les accusations qu’il profère à l’égard du conseil des droits de l’homme de l’ONU sont si mensongères que même la liste des signataires ne tempère qu’à peine notre stupéfaction : Pascal Bruckner, Alain Finkielkraut, Claude Lanzmann, Elie Wiesel, Pierre-André Taguieff, Frédéric Encel .. On peut facilement compléter la liste tant l’omniprésence des intellectuels organiques du lobby pro-israélien nous est devenue familière.
Le titre sans nuances de cette prose haineuse est déjà tout un programme : « L’ONU contre les droits de l’homme ». Dès les premières lignes, on peut y lire cet appel angoissé : « L’année 2008 verra-t-elle simultanément le soixantième anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme par l’ONU et la destruction de ses principes par la même ONU ? Tout porte à le redouter, tant depuis un certain nombre d’années, par ses dérives, l’ONU s’est caricaturée ». Inévitablement le lecteur non averti s’alarme : l’organisation internationale serait-elle brusquement devenue suicidaire ?
Mais par bonheur la suite nous éclaire aussitôt sur les préoccupations profondes de nos signataires : « A Durban, en Afrique du Sud, s’est tenue en 2001 la conférence mondiale contre le racisme, à l’initiative des Nations-Unies. C’est au nom des droits des peuples que furent scandés des « mort à l’Amérique ! » et « mort à Israël ! » et c’est au nom du relativisme culturel qu’on fit silence sur les discriminations et violences commises contre les femmes ».
Quel rapport entre la géopolitique du Moyen-Orient, manifestement en cause dans les appels à combattre les Etats-Unis et Israël, et l’oppression des femmes que viendrait cautionner le « relativisme culturel » ? Probablement aucun. Mais amalgamer les deux sujets présente l’intérêt polémique de suggérer une pernicieuse concurrence entre les victimes : vous qui condamnez Israël et l’Amérique, vous ne dites rien de la souffrance des femmes opprimées dans les pays musulmans. C’est une antienne dont la rhétorique lobbyiste est coutumière : elle permet de détourner le lecteur occidental de la critique de la politique américaine ou israélienne en fixant son attention sur un problème interne des sociétés moyen-orientales.
Ce rapprochement polémique entre les deux sujets, pourtant, est particulièrement cocasse. L’Arabie saoudite, où le port du voile est obligatoire et les femmes interdites de conduite automobile, est l’alliée historique des Etats-Unis dans la région. Le régime obscurantiste des talibans, lui, a vu le jour sous les auspices d’une CIA qui a prêté ses camps d’entraînement sur le sol américain aux combattants du mollah Omar. En revanche, l’Irak et la Syrie baasistes, plus proches de la norme occidentale en matière de condition féminine, n’eurent pas droit aux mêmes égards. Le premier a été pulvérisé sous les bombes US, la seconde est rangée dans la catégorie des « Etats voyous ». Mais peu importe : les partisans de la politique américaine au Moyen-Orient se croient fondés à donner des leçons en matière d’émancipation féminine.
S’agissant de l’ONU, en outre, on ne s’étonnera guère d’un tel ressentiment de la part des porte-parole du néoconservatisme à la française. Car les résolutions du conseil des droits de l’homme, comme hier les déclarations de l’assemblée générale, ont osé mettre en cause la répression israélienne en Palestine occupée. Les 47 Etats élus par leurs pairs au CDH bénéficient de l’égalité de vote. La sensibilité qui s’y exprime reflète donc une opinion majoritaire qui n’a aucune raison de cautionner l’occupation militaire des territoires arabes. Que les thuriféraires d’Israël, cependant, se rassurent : ces résolutions demeurent symboliques à défaut d’être exécutoires. Mais ce n’est pas suffisant. Il leur faut aussi en stigmatiser le principe par un usage grossier de la calomnie.
C’est à quoi s’emploient rageusement les signataires. « Par sa mécanique interne, les coalitions et les alliances qui s’y constituent, les discours qui s’y tiennent, les textes qui s’y négocient et la terminologie utilisée anéantissent la liberté d’expression, légitiment l’oppression des femmes et stigmatisent les démocraties occidentales .. Le CDH est devenu une machine de guerre idéologique à l’encontre de ses principes fondateurs. Ignorée des grands médias, jour après jour, session après session, résolution après résolution, une rhétorique politique est forgée pour légitimer les passages à l’acte et les violences de demain ».
Symptôme d’une psychose paranoïaque ou monument de la démonologie occidentale : on hésite sur le diagnostic. La seule certitude, c’est que ce réquisitoire contre des forfaits inexistants témoigne d’une inventivité hors du commun. Le conseil des droits de l’homme de l’ONU voudrait « anéantir la liberté d’expression » ? On se demande bien pourquoi et comment. Mais nos interrogations demeurent sans réponse. Nos polémistes annoncent « la mise à mort de l’universalité des droits » par l’ONU elle-même, mais cette mort annoncée reste nimbée de mystère. Aucune citation des résolutions du CDH ne vient étayer cette accusation, et les détracteurs de l’ONU condamnent ses idées supposées avec une violence inversement proportionnelle aux preuves de ce qu’ils avancent. Visiblement, ils préfèrent parler à sa place en procédant directement au commentaire de ce qu’elle est censée avoir dit.
En guise de citations, on doit alors se contenter des propos résumés au style indirect, sans guillemets, qu’aurait tenus M. Doudou Diène, rapporteur spécial sur le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie auprès de l’ONU. L’intellectuel sénégalais aurait ainsi déclaré qu’« énoncer une critique contre le port de la burqa constitue une agression raciste, que la laïcité est ancrée dans une culture esclavagiste et colonialiste, et que la loi française contre le port des signes religieux à l’école participe du racisme antimusulman ». Seul problème : ces citations sont introuvables. Si chacun de ces énoncés soulève évidemment des objections, encore faut-il qu’il ait été formulé. Une polémique grossière sur des citations qui n’en sont pas : le procédé condamne ses auteurs.
Au demeurant, les seules citations que les idéologues publiés par « Le Monde » auraient dû produire à l’appui de leur propre thèse sont celles du CDH lui-même. Mais ils se gardèrent bien de le faire. Livrant leur interprétation tendancieuse en lieu et place de la pensée d’autrui, ils pérorent gravement en prenant leur fantasme pour la réalité : « La confusion est à son comble, affirment-ils, quand est dénoncée comme une attitude raciste toute critique de la religion ». Mais d’où vient cette idée ? Qui l’a émise ? Nul ne le sait. N’importe qui, en revanche, peut vérifier ce qu’a énoncé le CDH sur la question religieuse. Il suffit de consulter les compte-rendus officiels des six sessions réunies depuis sa création en juin 2006.
Le 30 mars 2007, le CDH a ainsi adopté une résolution « sur la lutte contre la diffamation des religions ». Ce texte nuancé insiste sur « le droit de chacun à la liberté d’expression, qui devrait s’exercer de façon responsable et peut donc être soumis à de restrictions, prescrites par la loi et nécessaires pour le respect des droits ou de la réputation d’autrui, la protection de la sécurité nationale, de la santé ou de la morale publiques, et le respect des religions et des convictions ». Sur le plan des principes, ce texte ne diffère guère du droit positif en vigueur dans la plupart des pays, les Etats occidentaux ayant eux aussi entouré l’exercice de la liberté d’expression de certaines limites juridiques. En France, la reconnaissance de la liberté d’expression n’entraîne aucun droit à diffamer son voisin, toute forme d’injure manifestant une discrimination raciale ou religieuse est punie par la loi, et certaines dispositions législatives ont même eu pour effet d’énoncer une vérité officielle sur des faits historiques.
Naturellement, la teneur de cette résolution du CDH n’est pas indifférente au contexte politique lié à la « guerre contre le terrorisme » menée tambour battant par Washington. « Le Conseil se déclare préoccupé par les images stéréotypées négatives des religions et par les manifestations d’intolérance et de discrimination en matière de religion ou de conviction. Il se déclare en outre profondément préoccupé par les tentatives visant à associer l’islam avec le terrorisme, la violence et les violations des droits de l’homme. Il note avec une vive inquiétude l’intensification de la campagne de diffamation des religions, et la désignation des minorités musulmanes selon des caractéristiques ethniques et religieuses depuis les événements tragiques du 11 septembre 2001 ».
L’adoption de ce texte s’est heurtée à l’opposition des pays occidentaux, mis en minorité lors du vote final. Aucun d’entre eux n’y a vu, toutefois, le danger mortel pour la civilisation universelle que dénoncent les signataires de notre pamphlet antionusien. Au nom de l’Union européenne, la représentante de l’Allemagne « a fait remarquer que, comme l’a établi le rapport de M. Doudou Diène, la discrimination fondée sur la religion ne concerne pas uniquement l’islam, mais également le judaïsme, le christianisme et des religions et croyances venues d’Asie, ainsi que des personnes sans religion. Elle a également souligné qu’il est problématique de séparer la discrimination fondée sur la religion des autres formes de discrimination. Elle a aussi jugé l’utilisation du concept de diffamation contre-productive, préconisant plutôt un texte axé sur la liberté de religion ou de conviction ».
Que ce débat témoigne d’une différence de sensibilité sur les questions religieuses entre pays membres de l’organisation de la conférence islamique (OCI) et pays occidentaux est une évidence. Cela méritait une réflexion sur la sécularisation relative des sociétés concernées et la référence, explicite dans les pays musulmans, à des valeurs religieuses. Mais cette réflexion n’effleura même pas l’esprit de nos intrépides signataires qui, faute d’avoir lu les textes auxquels ils font vaguement allusion, en dénaturent volontairement la signification. Refusant de discuter rationnellement les arguments de l’autre, on préfère le stigmatiser en imaginant une dramaturgie grossière mettant en scène des personnages réels. Ce théâtre de marionnettes, du coup, tient lieu d’argumentaire.
C’est ainsi que nos signataires s’en prennent violemment à Mme Louise Arbour, haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU. « Elle a participé à une conférence à Téhéran consacrée aux droits de l’homme et à la diversité culturelle, dénoncent-ils. Portant le voile, comme la loi de la république islamique l’exige, la haut-commissaire a été le témoin passif de l’énoncé de principes à venir, ainsi résumés : offense aux valeurs religieuses considérée comme raciste. Bien pire, dès le lendemain de cette visite, vingt et un Iraniens, dont plusieurs mineurs, furent pendus en public. C’est en sa présence que le président Ahmadinejad a renouvelé son appel à la destruction d’Israël ».
Encore une fois, l’art de l’amalgame intellectuel atteint des sommets. Mêlant tout et son contraire, le texte publié par « Le Monde » mise sur la confuse indignation du lecteur en anesthésiant au passage son jugement critique. Louise Arbour portait le voile à Téhéran, soit. Mais aurait-elle pu, en Israël, organiser une réunion pendant le shabbat ? Les régimes religieux ont des exigences que n’ont pas les autres. On peut le déplorer, mais ils sont chez eux. L’offense à la religion, dans certains pays, est considérée comme une forme de racisme. Faut-il que nous allions les convaincre du contraire, et de quelle manière ? La peine de mort, enfin, est cruellement appliquée en Iran. Mais les aspects odieux du régime de Téhéran ne le résument pas pour autant, et le régime saoudien n’a rien à lui envier. Surtout pas l’amitié des Etats-Unis, où un président texan a été élu sur sa réputation d’exécuteur intraitable des criminels supposés. Sans parler d’Israël, seul Etat au monde dont les snipers abattent des fillettes à la sortie des écoles.
Les diatribes iraniennes contre l’Etat hébreu relèvent, elles, d’un affrontement géopolitique dont l’un des principaux paramètres est l’attitude d’Israël lui-même. S’il avait appliqué la peine de mort aux civils palestiniens avec davantage de discernement depuis soixante ans, il n’aurait pas suscité un tel rejet de la part de ses voisins proches ou éloignés. Sous occupation militaire, amputés d’une partie de leur territoire, ou régulièrement bombardés par son aviation, ces derniers ont d’excellentes raisons de le détester. Mais peu importe. Décidés à instruire à charge contre Mme Arbour pour son séjour à Téhéran, nos polémistes incriminent « son silence et sa passivité », qu’elle aurait justifiés par « le respect de la loi iranienne et le souci de ne pas offenser ses hôtes ».
« Charbonnier est maître chez soi, commentent-ils. C’est le docteur Goebbels qui utilisait cet argument d’opportunité, à la tribune de la Société des nations en 1933, pour se soustraire à toute critique d’une institution internationale impuissante ». On croit rêver. Car, analogie pour analogie, frappante est la ressemblance entre le Reich qui s’assied sur la SDN en 1933 et l’Etat hébreu qui bafoue le droit international depuis 1967. Comme son lointain prédécesseur, Israël, lui aussi, se « soustrait à toute critique d’une institution internationale impuissante ». Et s’il le fait, c’est pour mieux conquérir « son espace vital, de la mer au Jourdain », selon la belle formule employée par Effi Eitam, ministre d’Ariel Sharon, en 2002.
« Les grands crimes politiques ont toujours eu besoin de mots pour se légitimer. La parole annonce le passage à l’acte », philosophent nos signataires. Ils n’ont pas tort : le 29 février, le vice-ministre israélien de la Défense Matan Vilnaï a brandi la menace d’une « shoah » contre les Palestiniens avant de lancer à Gaza la sanglante opération qui fit 110 victimes palestiniennes en une semaine. Quitte à enfreindre un tabou religieux, l’Etat hébreu, manifestement, a franchi un cap sémantique avant de déchaîner sa puissance militaire : il est passé « de la parole à l’acte ».
Mais le meilleur a été gardé pour la fin. « Les idéologies totalitaires avaient remplacé les religions. Leurs crimes, les promesses non tenues d’avenir radieux ont ouvert grande la porte au retour de Dieu en politique. Le 11 septembre 2001, quelques jours après la fin de la conférence de Durban, c’est bien au nom de Dieu que le plus grand crime terroriste de l’histoire fut commis ». Lier dans une même trame le 11 septembre 2001 et les résolutions du CDH, il fallait oser. Il est vrai que nous avons affaire à des spécialistes.
« Retour de Dieu en politique », disent-ils. Nos intellectuels savent de quoi ils parlent : Israël n’est-il pas l’Etat confessionnel par excellence ? « Si la revendication d’un coin de terre est légitime, affirmait Theodor Herzl, alors tous les peuples qui croient en la Bible se doivent de reconnaître le droit des juifs ». Bibliquement établie, la légitimité d’un Etat juif en Palestine va de soi : le texte sacré tient lieu de titre de propriété. Pour les sionistes religieux, le retour des juifs en Eretz Israël est inscrit dans le récit de l’Alliance lui-même. Prendre possession de la terre que Dieu a donnée aux juifs fait partie du plan divin, et ce serait le contrarier que de renoncer à cette offrande.
Du coup, aucun compromis n’est possible avec les Arabes. En 1947, le grand rabbin de Palestine martelait le statut théologique du futur Etat juif : « C’est notre forte conviction que personne, ni individu, ni pouvoir institué, n’a le droit d’altérer le statut de la Palestine qui a été établi par droit divin ». Chef du parti national-religieux, le général Effi Eitam expliquait à son tour en 2002 : « Nous sommes seuls au monde à entretenir un dialogue avec Dieu en tant que peuple. Un Etat réellement juif aura pour fondement le territoire, de la mer au Jourdain, qui constitue l’espace vital du peuple juif ». Au moins, c’est limpide.
Rien d’étonnant, par conséquent, à ce que le lobby pro-israélien exècre l’ONU : son appétence pour le droit international est inversement proportionnelle à son engouement pour le droit divin. Il est vrai que l’un est infiniment plus favorable au Grand Israël que l’autre. Percuter les résolutions de l’ONU avec la Thora relève de l’exploit intellectuel et du prodige politique : Israël l’a fait. Pour nos signataires, « c’est au nom de Dieu que le plus grand crime terroriste de l’histoire fut commis ». Ce n’est pas tout à fait faux, à condition d’inclure dans l’analyse l’Etat hébreu, cet artefact colonial bâti au forceps sur les ruines de la Palestine au nom de la Bible et de la Shoah.
A propos de terrorisme, l’Etat d’Israël, qui plus est, peut se targuer d’un palmarès hors compétition. Les odieux attentats du 11 septembre 2001 ont fait dix fois moins de victimes que le siège de Beyrouh par Tsahal en 1982. Ses admirateurs occidentaux doivent certainement s’extasier sur les prouesses d’une armée capable de tuer aussi aisément des enfants avec des missiles. Ils doivent aussi se confondre d’admiration devant les geôles israéliennes, où grâce à la loi religieuse, on s’interrompt de torturer durant le shabbat. L’Etat hébreu mérite bien ce concert de louanges que les intellectuels organiques lui décernent à longueur de colonnes. Et quelle outrecuidance, de la part de l’ONU, de vouloir fourrer son nez sale dans les affaires intérieures israéliennes !
A l’instar des pires calomnies, les accusations publiées dans « Le Monde » du 27 février se sont répandues sur la toile. Elles suscitent sur certains blogs des commentaires haineux que l’on ose à peine citer. M. Doudou Diène y est qualifié de « défenseur de la secte du pédophile fou et des adorateurs du caillou ». On y lit que « depuis les invasions musulmanes le croissant fertile est devenu le croissant stérile, et la civilisation a émigré en Occident ». Sur l’ONU, un internaute déchaîné résume à sa façon l’article publié par « Le Monde » : « l’ONU, c’est un ramassis de la racaille islamiste et tiers-mondiste ». Qu’attend-on pour supprimer l’ONU ? Ce sera encore plus simple. Islamophobie déclarée, haine du monde arabe, stupéfiante arrogance occidentale, tout y est. Opération réussie, mesdames et messieurs les intellectuels organiques. 

Bruno Guigue

Diplômé de l’Ecole normale supérieure et de l’ENA
Auteur de "Proche-Orient : la guerre des mots", L’Harmattan, 2003