31 juillet 2015

Aux camps d'internement de Rivel et St Sulpice



Sur le site « Si Chalabre m’était conté ».( Chalabre, Aude)

http://chalabremetaitconte.pagesperso-orange.fr/lesculsrougesaupouvoir.html
[…]
Nous atteignons une période trouble. Les archives n’existent plus, réquisitionnées. Il faut savoir que les conseils avaient été dissous à Chalabre, comme dans certaines villes. L’ancien conseil continuait à fonctionner.
La Gare de Rivel. Au 2ème plan, le camp

Parlons simplement du camp d’internement à Rivel à 4 kilomètres de Chalabre au lieu-dit « la scierie de la Prade », et non « le moulin de l’évêque », appellation récente. La scierie était la propriété de Guy Pierre, vivant à Toulouse. Officiellement, il prendra le nom de centre de séjour surveillé, situé à 200 mètres de la gare de Rivel-Montbel sur la ligne Bram-Lavelanet, sous la surveillance du lieutenant François Paul Bonnet. Le gouvernement français avait ordonné aux préfets du sud de prévoir une arrivée massive de réfugié. Le début des travaux commencèrent par l’entreprise Horte, (Jean Horte était maire de Rivel), en octobre 1939, et furent finis fin 1940. Le camp est clôturé de plaques de ciment, surmontées de barbelés. Une fois terminé, ce lieu accueillit des « indésirables », nom donné aux 253 syndicalistes et communistes qui furent transférés,
Le camp de St Sulpice en 1941

le 28 janvier 1941, à Saint Sulpice dans le Tarn, où ils sont reçus par un capitaine directeur, qui verra passer 4600 personnes. Ils le quitteront en mars 41 pour l’Afrique du Nord. Il y eut parmi eux monsieur Roger Garaudy. Qui était ce monsieur !
Pupille de la nation, protestant, membre du parti communiste, agrégé de philosophie, nommé professeur en 1936 à Albi, 50 ans après Jean Jaurès, il a écrit près de 70 ouvrages. Il se trouva arrêté le 14 septembre 1940, enfermé à Rivel, puis Saint Sulpice, avant d’être déporté en Afrique du Nord au camp de Bossuet pour y être libéré en février 43. Puis, rédacteur en chef à Radio France à Alger, il travaillera dans l’hebdomadaire communiste Liberté. Il rentrera en France. Il sera député du Tarn de 1945 à 1951, et député de la Seine de 1956 à 1958. Il fut nommé vice-président de l’Assemblée nationale en 1956, titulaire de nombreuses décorations.
Le régime de Rivel était 150 grammes de pain par jour. Les prisonniers, qui jouissaient d’une semi-liberté, en profitaient pour mendier des légumes.
Le camp fut libre et vidé de tous occupants début 41. En 1942, c’est la chasse aux juifs. Ils vont être plus de 250 à y être internés. On y trouve :
Des allemands qui ont fui le régime, sans pour cela être juif.
Des juifs allemands persécutés.
Des étrangers de toutes nationalités, enfermés pour des raisons de sécurité.
Des juifs français arrêtés en 42.
Ils seront aussi internés dans l’usine Salvat, annexe du camp pour fournir de la main d’œuvre à l’usine Canat, qui a besoin de bras.
Une liste de 37 hommes figure sur le chantier des établissements Canat. Ils étaient commandés par 2 ingénieurs chimistes autrichiens, messieurs Paul Ehrenstein et David Rosenbaum. Dans cette liste, figure le docteur Willy Schlesinger, qui sauvera Camille Amat d’un accident cardiaque, et Otto Loewy, celui qui a caché une clé de boite à sardine, dans la descente du pont rouge.
Tous ces indésirables ou prestataires de Rivel et Salvat finiront à Auschwitz. Rares seront les rescapés, comme le docteur Willy.

[article modifié à 15H ce jour]

30 juillet 2015

Liberté et contrainte structurelle. Par Camille Loty Malebranche



[Je ne peux pas résister à la tentation de reprendre dés sa publication cet excellent article de Camille Loty Malebranche sur son blog http://intellection.over-blog.com/ tant son esprit, sinon sa lettre si originale et envoûtante, correspond à ce pour quoi Roger Garaudy s'est toute sa vie battu. AR]
 

Jubilation. Tapisserie. Jean Lurçat. 1964


Le sujet humain et la liberté contre la structure.

De la plus belle définition, la liberté est cet attribut de l’homme capable de déjouer les pronostics, de surprendre les planificateurs en contournant ou en éclatant les structures et leurs principes.

Le structuralisme, le behaviourisme et toute théorie du systématisme social et de son moulage de l’individu uniquement en sujet social n’ont eu cesse de tabler sur la détermination de l’homme par la structure sociale. À ce compte, l’homme ne serait que le produit du façonnement éducationnel et culturel. Mais l’individu, cette « structure structurée » de Bourdieu se manifeste parfois comme une entité aléatoire au cœur des systèmes qui l’englobent et dont il est censé relever. Ni le soi disant habitus qu’il est voué à exprimer, ni « l’orthopédie sociale » que Foucault nous décrit dans son « Surveiller et punir » ne semblent assez forts pour faire de tous les individus de la société, cette chose moulée au creuset social et qui, sans anicroche se pâmerait au pressoir puissant de l’idéologie sociale dominante.


L’individu humain - malgré tout le pas qu’il ait à franchir et que souvent, malheureusement, il ne franchit jamais pour être une personne humaine plénière - connaît des soubresauts qui sont la marque de son autre vocation brimée et déformée, la liberté. En dépit de la pesante misère sociale de l’individu écrasé par la monstruosité des choix oligarchiques et ploutocratiques contre l’avènement de l’homme et pour la réification permanente des individus selon l’ordre établi, le désordre de quelques-uns sévit encore dans le social en face de tous les attirails de contrôle et de tous les rétiaires structurels qui, aujourd’hui, mènent l’écoumène. Alors que tous ou presque tous sont fichés dans les dossiers policiers et de santé des autorités, la société et les états se surprennent à avoir peur de certains de leurs membres connus pour leur tendance à la révolte sans oublier ici l’autre peur plus terrifiante de la potentialité de réaction violente inconnue d’un nombre croissant d’individus contre la violence systémique d’État, systématiquement maintenue sur les populations. Et même, la peur est devenue l’emblème des métropoles ! La société reconnaît et constate son échec dans ses tentatives viles et macabres de contrôle des individus par l’instauration des nouveaux États policiers en pleine démocratie. Car en passant, qu’est-ce que l’État policier, sinon celui que nous vivons actuellement dans les métropoles et mégapoles occidentales créées à dessein pour l’émiettement des groupes humains jadis rapprochés par le contact et la communication, et où tous sont suivis de près, enfermés sans s’en rendre compte dans l’isolement d’un individualisme programmé qui voit les individus mécaniquement se soumettre en véritables ombres aux politiques et propagandes médiatiques appliquées dans leur vie ! Les individus, renonçant pour la plupart à tout idéal humain sont devenus moins que rien, incapables même de répondre spontanément à une salutation humaine si elle ne vient d’un « seigneur du social ». La communication même minimale est devenue difficile entre les habitants des grandes villes. L’on comprend le médiolecte contemporain, ce langage hyperémotif des médias, qui agite les pulsions du populo et le pourquoi de ces singes de la télévision et des talk show qui vont minablement déblatérer en racontant leur vie privée à la télé mais qui refusent un simple bonjour à l’image de ces tristes cadavres ambulants et arrogants que l’on croise chaque jour dans les ascenseurs de Montréal ou de Paris ! La misère ontologique, la pauvreté existentielle n’a d’égal que la grossièreté de ces individus-rejets.

La spontanéité et la liberté totalement perdue du grand nombre a sans doute inspiré les grandes théories du structuralisme social à la fin du 20ème siècle. Nous savons que les souffrances et déviances que nous décrivons dans ce texte furent une plaie de la Modernité, mais qu’en sera-t-il de l’individu post moderne ? Aura-t-il la chance de se libérer de la société monstrueuse et tératogène qui, encore, tend ses pièges et étend ses filets ? Nous croyons hélas que non ! Car l’ordre social idéologique est resté le même. La liberté est désormais entrée dans la marge, privilège exclusif des marginaux ! Nous savons que le terme de liberté est galvaudé par les champs théoriques qui prétendent le définir. La liberté du légaliste qui se résume aux limites établies par les lois s’opposera toujours à celle de l’anarchiste voire de l’esprit libre qui exige le primat de l’homme sur l’État et le système. La liberté du croyant, métaphysique et intuitive contre l’insignifiance et les torsions du sens existentiel, n’est pas celle de l’athée qui se morfond dans l’absurde et fait de sa soi disant émancipation de Dieu une plainte de douleur perpétuelle, liberté si lourde que le nihiliste n’arrive guère à la porter avec sérénité... Car il y a aussi aujourd’hui une grimace libertaire nouvelle en face des singeries diaboliques des fondamentalismes et intégrismes religieux, c’est la débile reprise de l’athéisme enfantin qui a régné aux 19ème et 20ème siècles de Stirner à Heidegger. Nos actuels athées de caniveaux avec leur traité sont si peu succulents qu’ils font littéralement dégueuler ceux qui ont connu les plats au moins épicés de leurs prédécesseurs. Mais cela constitue un autre thème à traiter. Sans entrer donc dans leur polémique ou athéologie si fade et si blême, il faut juste se rappeler Kierkegaard, philosophe "poète du religieux", qui fut ennemi farouche des religions officielles institutionnelles.



Aspects prometteurs de la liberté

Pour revenir à la liberté, disons enfin qu’elle est bel et bien l’une des attractions les plus magnétiques de l’espèce lorsque l’espèce est autorisée d’exister sans les cerbères de l’ordre officiel et leurs manipulations médiatiques. La liberté trône la deuxième grande passion à la fois attractive et impulsive de l’homme après celle de l’amour qu’elle suit alors qu’elle prime celle de la vie.

Quatre faits caractéristiques prouvent la non disparition totale de la liberté humaine prise au lasso des structures.



1 La révolution.

Lorsqu’une révolution réussit, elle chambarde précisément les structures et de ce fait, laisse au révolutionnaire, le choix de nouvelles structures plus adaptées à ses vœux. L’homme sort des structures pour y entrer mais dans l’intervalle, il tient la houlette de son avenir par le devenir structurel qu’il imprime à la société et à l’État.

2 L’esthétique.
La sensibilité créatrice ou critique est en fait un lieu de liberté par son caractère d’expression ou d’effet toujours éminemment unique à chaque créateur et critique intervenant.

3 L’imprévisibilité du devenir de l’action et de la réaction humaine.
Le sujet humain arrive parfois à rejeter sa sujétion pour la subjectalité, cette dimension de sujet prenant le monde pour objet en s’opposant à tous les engrammes de l’éducation et à tous les dispositifs de contrôle et de répression. Comment expliquer, en effet, que quelque fois, de deux enfants élevés dans la même famille, fréquentant les mêmes milieux et partageant toute la bonne part connue de l’hérédité génétique, il y ait un qui soit socialement docile et l’autre rebelle trublion ? C’est que l’homme n’est pas un livre que l’on peut écrire d’avance, ni une pure matière que l’on peut structurer de manière certaine ou définitive...

4 La spontanéité occasionnelle de l’esprit pensant.

Le fait de ne pas pouvoir toujours décider de ce qu’un homme pensera demain ou même dans quelques minutes en est une preuve additionnelle. La procession du mental et la capacité d’être plus qu’un réagissant c’est-à-dire d’être proactif et de provoquer l’inimaginable, impondérable avant coup, constituent l’affirmation libre de l’égoïté humaine au-delà du systémique et de son moulage surmoïque pressurant et structurant les individus par l’éducation au nom de l’institution sociale.
C’est donc la liberté de l’homme-sujet souverain dans sa subjectalité au point d’exprimer ses subjectivités sans crainte des intimidations systémiques contre le sujet-homme cloîtré dans la sujétion sociale, oui c’est cette liberté transcendante des contingences, qui - grâce à sa résistance aux imminences agressives des mécanismes de déconstitution de l’être transcendant qu’est l’homme - fait trembler et pester les tyrans souriants de nos démocraties liberticides.


CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
http://intellection.over-blog.com/article-liberte-et-contrainte-structurelle-79778874.html

29 juillet 2015

Je souhaite que tu sois entendu




CHRISTIANE SINGER,  Ecrivain, A ROGER GARAUDY (1992) :
 

Cette lettre concerne le livre "Les fossoyeurs". Ed. de l'Archipel 1992

Voilà deux jours que je veux te dire, cher Roger, quelle "dilatation de l'être", pour reprendre tes mots, me donne la lecture de ton livre ! Sans arrêt, en le lisant, je me suis exclamée tout haut : mais oui ! mais oui ! exactement ! exactement ! Je crois qu'il n'y a rien de plus émouvant pour un écrivain que de savoir qu'il a su mettre en mots - mettre au monde - les convictions les plus impérieuses - et les plus silencieuses hélas ! de chacun de ses lecteurs.
Quelle résonance en moi de tout ce que tu écris ! Et voilà que ce matin, parvenue à la page 200, je vois que tu me cites ! Les larmes m'en ont jailli  tant c'était fou, inattendu.
Ah ! Roger quel bon maître tu fais !
Il ne me reste désormais qu' à devenir ce que ta propre grandeur te fait croire
que je suis déjà !
Je publie aussi, en septembre, un livre. Un plaidoyer de l'amour de l'homme et
de la femme - Oui ! tout simplement !!!! Ce sera une raison d'être à Paris et de
te voir.
Ah ! comme je m'en réjouis !
Ah ! comme je t'embrasse de tout coeur et comme je souhaite que tu sois
entendu !

28 juillet 2015

Ceux qui ont et ceux qui n'ont pas...



La voix de la Malaisie
par Chandra Muzaffar


"L'après guerre froide" est pleine                    
de tensions et de conflits ouverts,
au Nord et au Sud, m a i s surtout au Sud.
Ils doivent leurs origines, et ils sont,
aujourd'hui encore,aggravés par l a
division historique de l'humanité e n t re
le Nord et le Sud.


27 juillet 2015

Gaston Bachelard: lettre à Roger Garaudy (1961)






Paris le 14 mars 61

Cher Monsieur,

Je vous remercie bien vivement de m'avoir envoyé si aimablement dédicacé votre livre sur ARAGON.
C'est plus qu'un itinéraire, car vous donnez en somme la carte d'un grand pays.
Que de chemins rencontrés ! Vous savez combien je suis solitaire. Je n'imaginais pas que les collections DOUCET gardaient tant de documentsprécieux.
En m'émerveillant du travail de bibliothèque que vous avez fait là, je me disais en souriant : quand GARAUDY trouve-t-il le temps d'être sénateur ?
ARAGON doit être heureux et fier d'avoir été le sujet d'un bon livre, d'un livre qui dit le vrai, sans être tenté par des éloges flatteurs.
Acheter le livre
Quelle ne fut la sienne ! Quelle ne reste la mienne !
Si j'enseignais encore, si je revivais dans ma chaire de littérature française, je prendrais dans votre livre une superbe dissertation.
"ARAGON définit la critique littéraire authentique : une pédagogie de l'enthousiasme".
Lisant cela me voilà, avec bonne conscience de lecteur acharné.
Mais il y aurait tant d'éléments que suggère votre livre. Vous avez bien fait de l'écrire.
Avec mon bon cordial souvenir.



25 juillet 2015

"Les mythes fondateurs de la politique israélienne", POINT DE VUE."Ne surtout pas mettre entre n'importe quelles mains, mais...ne surtout pas laisser de côté"



 

Par Jean-Luc le 12 mai 2015


Sur demande (formulaire de contact colonne
de gauche du blog),
je peux vous envoyer le PDF de l'édition privée
"La Vieille taupe", 1995


Lire un "négationniste" est une chose, le commenter en est une autre. Personnellement, je n'y vois pas un essai de discréditer le peuple juif, moins encore ce qu'il a souffert, mais il est évident que les données communément admises, enseignées, revendiquées, sont rudement remises en question. Et chaque affirmation vient avec sa référence. Je suis scientifique de profession, je vois donc cela en tant que scientifique, avec la distance -la métaposition- qu'un livre de ce type requiert. Rien ne me gène d'un point de vue logique ou de la raison tant dans la recherche que dans l'écriture. Maintenant, juger l'intention réelle de l'auteur est une autre chose et je ne me permettrai pas de le faire ici, ce n'est d'ailleurs pas mon intention. Je crois que c'est un livre à ne surtout pas mettre entre n'importe quelles mains, mais je pense également que c'est un livre à ne surtout pas laisser de côté si l'on s'intéresse sérieusement au sujet. Pour ce sujet, comme pour n'importe quel autre, la démarche scientifique impose de tout lire qui soit assez sérieux pour être pris en considération. De quelque côté qu'il vienne. Et ce livre l'est. Dans ce sens, pour toute personne qui peut se détacher suffisamment de l'émotion (affective, ethnique, religieuse, politique...) pour effectuer une démarche de recherche de nouveau savoir, ce livre est à lire. Diabolique ou diabolisé... ou pas... ici, peu importe!