23 septembre 2013

A propos du procès de Roger Garaudy, une des lettres non publiées par "Le Monde"


 
Le tribunal qui a jugé Roger Garaudy pour son livre "Les mythes fondateurs de la politique israélienne" l'a donc relaxé de l'accusation de "provocation à la discrimination, la haine ou la violence raciales"
Ce jugement rassure ceux qui connaissent le cheminement politique et spirituel de cet homme qui, tout au long de sa vie, a été confronté aux grands problèmes de notre siècle.
Les condamnations pour "diffamations raciales " à 1'encontre de la communauté juive et pour "contestation de crimes contre l'humanité" dérouteront, car cet écrivain, ancien déporté, se situe, dans ses ouvrages comme dans ses engagements, aux antipodes du racisme et de l'antisémitisme.
Ces condamnations ont été prononcées en vertu d'une loi quelque peu anachronique(contestée par beaucoup de spécialistes du droit)qui entrave la liberté d'expression sur un point précis de l'histoire contemporaine et a empêché la diffusion normale du livre, rendant ainsi difficile de se faire une opinion personnelle sur son contenu. Fait d'autant plus regrettable qu'aucun droit de réponse dans la presse n'a été accordé à l'auteur, alors que ses détracteurs ont abondamment écrit ou parlé pour le dénoncer, voir déformer ses propos et ses intentions. Comment ne pas être choqué par ce lynchage médiatique dont a été victime un homme qui se bat depuis de longues années pour le dialogue et contre les anathèmes?
Il est à craindre que la loi Gayssot, concernant uniquement la Shoah et dont le champ d'application est assez flou, desserve les intentions qui l'ont motivée. La recherche de la vérité en Histoire ne conduit – elle pas souvent à des révisions?
En défiant la loi Gayssot, R.Garaudy a - t - i l voulu nier les crimes nazis commis contre les Juifs d'Europe ou plutôt, ainsi qu’il l'avait déjà fait dans "L'affaire Israël", dénoncer l'utilisation de ces faits au service de la politique d'un Etat?

Le 9 mars 1998


Lettre commune au journal « Le Monde » (non publiée)après le premier procès contre Roger Garaudy et son éditeur